Plus de 25 veuves et 120 enfants, découvrez l’histoire du premier milliardaire à se faire enterrer avec son smartphone

Le magnat camerounais de l’industrie et de la finance a succombé à une courte maladie vendredi 20 mars dans un hôpital français. Il était âgé de 94 ans.

Patriarche, businessman, homme politique… C’est un homme aux multiples casquettes qui s’est éteint vendredi dans l’hôpital parisien où il séjournait depuis quelques semaines.

Décédé à 94 ans, le milliardaire camerounais Victor Fotso, promoteur de de la Banque Commerciale du Cameroun, a été inhumé samedi 20 juin à Bandjoun (dans l’Ouest) avec son smartphone, sa dernière volonté selon ses proches. L’homme d’affaires Bamiléké, du nom de ce groupe ethnique présent en Afrique centrale qui nourrit un même appétit méditerranéen pour le commerce que les Dioulas d’Afrique de l’Ouest, est décédé le 20 mars en France. Le meilleur hommage rendu à Victor Fotso provient sans doute de sa fille, Christelle Nadia Fotso, avocate au barreau de Washington aux États-Unis: “sur un continent où l’espérance de vie est limitée, mon père a bâti un empire sans savoir lire ou écrire en partant de rien”.

Profondément patriote, attaché à son village, Victor Fotso ne voulait pas “réussir seul”, mais porter la famille et le village dans cet idéal continental qui voit, de Bobo Dioulasso à Poto-Poto, de richissimes hommes d’affaires pourvoir aux factures d’électricité et d’eau des villages et se substituer à des Etats défaillants pour construire des forages et des routes.

Grand Officier de l’Ordre de la Valeur et Grand Cordon de l’Ordre du Mérite camerounais, le milliardaire laisse 18 veuves et 120 enfants qui n’ont pas tous pu l’accompagner vers sa dernière demeure. Précision de taille, Victor Fotso a été inhumé avec son téléphone portable selon les instructions de sa fille répondant à ses dernières volontés. L’information est rapportée aussi par la la Cameroon radio television (CRTV). Mais c’est là, comme qui dirait l’autre, un détail dans l’histoire de cet homme hors du commun, incarnation du capitalisme indigène qui se construit sur fonds propres, sans le soutien des banques, et encore moins de celui de l’Etat et du fisc.

Cette figure emblématique du capitalisme africain moderne a battu sa fortune brique par brique, d’abord comme ouvrier agricole, puis petit commerçant, vendeur occasionnel à la sauvette, acteur de la petite distribution, invité de la grande distribution dominée alors par les européens, transporteur dans le Cameroun indépendant, puis financier, bailleur de fonds, et bienfaiteur. C’est la spirale rêvée de l’africain.