"Avez-vous des enfants ?" : que répondre lors d'un entretien d'un entretien

Le statut de maman n'est pas le plus compliqué, c'est l'organisation avec les enfants (mode de garde, activités extra-scolaires, temps des devoirs) qu'il faut prendre en compte. Un couple où les deux parents se sont partagé les missions permettra à chacun d'être plus à l'aise dans ses horaires et son poste. En revanche, si une maman doit assurer le dépôt des enfants le matin à la crèche ou à l’école, le retour le soir avant 18 h, les réunions parents d’élèves et la séance de sport, il est clair que cela va limiter ses recherches d'emploi. Et l’aiguiller vers du temps partiel, une entreprise à proximité de son lieu de vie, et parfois un poste sous-qualifié.

 

Faut-il indiquer sa situation de famille (mariée, un ou deux enfants…) sur son CV ?

Je suis contre l’idée d’indiquer sur un CV sa situation maritale ou un nombre d’enfants à charge. Le CV raconte un parcours professionnel. Et l’état civil ne doit ni intéresser ni inquiéter un DRH. Ce sont d’ailleurs des éléments de non-discrimination. Concernant la lettre de motivation, elle décrit le pourquoi de la candidature. Il me semble que les enfants y sont également hors-sujet. Idem sur les profils de réseaux sociaux professionnels.

 

Lors des entretiens de recrutement, conseillez-vous d’aborder la question des enfants ?

S'il y a des contraintes d'organisation fortes (besoin d’adapter les horaires, de travail à temps partiel ou à domicile, absences fréquentes à prévoir…), il faut en parler dès le premier entretien. Par exemple, si une maman doit impérativement partir le soir à 17 h, mieux vaut s'assurer de la faisabilité immédiatement. Tout dépendra de l'entreprise, du poste occupé, des accords qui existent dans la branche... Sinon, les candidats n’ont aucune obligation d’aborder le sujet.

Concernant les questions précises (accords sur le temps de travail, nombre de jours de congés payés, congés enfant malade…), il est plus judicieux d’attendre la fin du process de recrutement quand on souhaite valider les derniers éléments avant de prendre sa décision.


Et si un employeur pose des questions comme « Comment comptez-vous vous organiser ? » « Vous souhaitez avoir un deuxième/un troisième enfant ? » Que répondre ?

Logiquement, un professionnel ne devrait pas poser ce genre de questions. Les papas n’y sont jamais confrontés. Cependant, si cela arrive, un « absolument, je suis une maman qui s’épanouit au travail et qui a une excellente organisation » devrait suffire. On peut aussi essayer de « rassurer l’employeur » avec des arguments précis comme « la crèche ferme tard » mais il ne faut pas tomber dans la justification, au risque d’en faire trop. Concernant les questions sur un « trou dans le CV » de plusieurs mois ou années, je conseille d’être transparente. « Je me suis arrêtée pour m’occuper de mes enfants » n’est pas une réponse dont il faut rougir. 


Si on recherche un emploi en début de grossesse, faut-il miser sur la transparence ?

Il n’y a aucune obligation légale de communiquer cette information. C’est donc à chacune de décider de réfléchir à la meilleure solution en fonction de sa situation personnelle, de la nature du poste convoité, de l’organisation de l’entreprise.

On peut être tentée de ne rien dire pour plaire à tout prix, ne prendre aucun risque de déstabiliser l’employeur. Mais lors des mois qui vont suivre et quand la grossesse se verra (souvent lors de la période d’essai), la relation avec l’employeur pourrait en pâtir. D’autant que la grossesse peut être incompatible avec certains métiers, qui pourraient mettre la santé de la future maman et de son bébé en danger.

Au contraire, jouer la transparence avant l’embauche permet d’éviter de mettre la salariée et l’entreprise en difficulté d’un point de vue de l’organisation. Surtout que la loi considère la grossesse comme un critère de discrimination.


Comment réussir sa prise de poste en tant que maman ?

Communiquer ses besoins, ses contraintes, ses difficultés, est indispensable pour être entendue. Au contraire, imposer ses décisions du jour au lendemain sans communication préalable ne créera pas une bonne ambiance. Une organisation bien ficelée au départ, une bonne répartition avec le papa, une nounou impliquée constituent une base indispensable. Le statut de parent change notre vie à jamais, et y compris notre vie professionnelle. Je conseille de l'accepter en tant qu'individu et de savoir ce que l’on veut. Et puis il faut dépasser le stade de la culpabilité. Nous avons, en tant que femmes, besoin de travailler, pour répondre à des besoins financiers, pour nous épanouir en dehors de notre cocon familial, mais aussi pour rendre nos enfants autonomes.